Les fées nous enseignent
A l’époque de mes dix ans, il y avait encore des jeudis et des patins à roulettes bruyants. Les livres que je choisissais dans la bibliothèque familiale avaient souvent les pages cassantes, jaunies et une odeur de bois sec. Je parcourais leurs lignes sans comprendre grand-chose mais fasciné. Elles me transportaient en une terre étrangère. Je ne lisais rien « de mon âge »... c’est ainsi. Pas de bandes dessinées, pas d’album « pour enfants », mais j’écrivais et dessinais « pour moi-même », cela devait suffire.
J’étais sans doute ce qu’on appelle un « enfant triste ». Pourtant, une chose me réjouissait... bien plus que la télé (il n’y avait qu’une seule chaîne avec une jolie présentatrice blonde), bien plus que les livres... rester immobile. Les jeudis après-midi, je restais allongé sur mon lit les yeux clos, un temps qui me paraissait infiniment long : le temps d’une émission de radio. Des contes étaient alors mis en onde. Il me semble bien que le générique annonçait : « Mis en onde par Marianne Oswald. » J’entendais alors galoper des chevaux et grommeler des géants. Je voyais tout par mes oreilles ; châteaux et forêts, dragons et chevaliers, sorciers et filles de roi. Là, en faisant le mort, j’étanchais une furieuse soif de vie. ...
À chacun sa façon de venir au monde. Comme pour toute naissance, j’y suis allé les yeux fermés ! Les fées sont « sages-femmes ». Un jour nous comprendrons qu’elles nous ouvrent les yeux.
Jean Claude Marol
Les souvenirs de mes jeudis ressemblent bien à ceux ci...si je jetais ma télé?
Trèflerèle anagramme de reflet du réel...
ateliers cartes associatives Pourquoi ces cartes là font elles grandir?