Le partage du lundi: histoire d'un collage
Aujourd'hui je vais vous présenter un collage et vous raconter dans quelles conditions il a été réalisé.
Imaginez, je vous montre le collage et je vous pose cette devinette:
De quel atelier collage s'agit-il?
A-t-il été réalisé dans une Maison de quartier ou dans un week end de développement personnel?
Regardez le bien, quelle ambiance se dégage de ce collage?
Je me souviens que cette personne était très concentrée, très calme, le collage a été réalisé sans un seul mot, sans un seul commentaire.
La technique a été comprise tout de suite et il n' y a eu aucune erreur de collage.
Tout le groupe a été dans l'admiration.
Un grand silence a accueilli la présentation de cette oeuvre posée par terre le long du mur, mais la personne n'a rien voulu exprimer.
J'ai animé des ateliers en milieu carcéral adultes hommes à La Maison d'Arrêt de Nanterre dans les années 90.
J'avais deux groupes de 9, un le matin et un l'apres midi pendant cinq jours consécutifs. Et celà à chaque vacances scolairs puisque l'atelier se déroulait dans les salles de classe.
Pas de thème, un grand nombre de magazines à disposition et mon support privilégié: le carton ondulé.
Je ne connaissais pas la situation des détenus, s'ils étaient prévenus ou condamnés ni pour quel délit ils étaient incarcérés. Dans une
maison d'Arrêt il y a aussi bien un dealer qu'un assassin, quelqu'un qui a détourné de l'argent ou un clandestion....
Cet homme avait dans les trente ans, il était très grand, de type oriental.
Un port de tête inspirant le respect à tel point que le silence se faisait quand il apparaissait. Bien sur on pourrait tout de suite en déduire en fonction du contexte que c'était de la crainte or une fois les personnes installées chacun reprenait la conversation commencée. J'avais vraiment la sensation que les tensions s'apesaient en sa présence car je ne sais pas si vous avez fait cette expérience mais la colère, la peur ça se sent dans un groupe même quand rien ne s'exprime.
Alors pourquoi ce collage là, en prison?
Envie de spiritualité, besoin de calme? souvenir de voyages? je ne le saurais jamais..
Par contre j'ai appris qu'il était chef de gang... que dans la prison beaucoup cherchaient sa protection.
Il n'a jamais ouvert la bouche devant moi, parce que j'étais une femme? peut être, je n'ai jamais ressenti du mépris plutôt un besoin de me tenir à distance.
Et très honnêtement quand je voyais son nom sur la liste en début de semaine j'étais sûre de n'avoir aucun problème de groupe!!!
Pendant six ans j'ai passé toutes les petites vacances scolaires en prison!!
j'ai beaucoup appris...surtout à ne pas me fier aux apparences!!
Il y aura d'autres souvenirs de la prison car petit à petit les ateliers devenaient des groupes de parole, je retrouvais les mêmes..
Alors je vous donne rendez vous un autre Lundi?
Trèflerèle anagramme de reflet du réel... ateliers cartes associatives Pourquoi ces cartes là font elles grandir?