Inutile et hors d'usage?
Suis-je inutile et hors d'usage?
Ou peut-être un peu trop amer?
Sans perle, simple coquillage
Jeté sur le bord de la mer
Déjà en moi je sens l'automne
Qui doucement ronge mon corps
L'affreuse angoisse m'emprisonne
Combien de temps jusqu'à la mort?
Je sens la tragédie qui sonne
Comme une odeur nauséabonde
Faudrait-il donc que j'abandonne?
Vaut-il mieux compter les secondes?
Le soir est noir, la nuit est blanche
Il est trop tard pour les remords
Soudain je sens mon coeur qui flanche
Mais ma mémoire résiste encore
Dans le ciel viennent les nuages
Après tout, qu'est-ce que ça peut faire?
Bientôt sera l'heure de l'orage
Bientôt j'entendrai le tonnerre
L'automne se transforme en hiver
J'aurais bien aimé être sage
Il est trop tard, je desespère
Suis-je inutile et hors d'usage?
Suis-je inutile et hors d'usage?
Suis-je inutile et hors d'usage?
Suis je inutile?
Et hors d'usage?
Daniel Darc
"Daniel Darc se savait en sursis. Grand enfant cabossé, toujours à jouer avec un couteau et sa vie, il paraissait émerveillé de ne pas être déjà passé de l'autre côté. Comme si chez lui, il y avait un éternel soupçon de regret. Il aurait aimé être écrivain, ou bien jazzman, il était devenu rockeur, chanteur même, par défaut. Extrême, jusqu'auboutiste, faux dur à cuire, vrai cœur d'artichaut. Il pouvait chanter faux, il était toujours juste, fidèle à ses mots, écorchés, naïfs, amoureux, brutaux. Un peu inquiétant, profondément attendrissant...
Il croyait aux forces de la nature, aux poètes disparus, au rock'n'roll et à tous les musiciens cramés pour et par leur art. Il croyait en Dieu, qui veillait sur tout ça. Et sur lui, aussi, évidemment. Daniel Darc avait une intuition aux allures de certitude : J'irai au Paradis, parce que j'ai vécu en enfer. Télérama . DD est mort en mars 2013