Celui qui ne savait pas pleurer
C'est l'histoire d'un type moyen
Qui n'avait jamais pu pleurer.
Il en avait pas les moyens,
Pourtant, il aurait bien aimé,
Car de pleurer, ça vous soulage
Et ça vous met du baume dans l'coeur,
Mais lui, il avait passé l'âge
D'apprendre le chagrin par coeur.
Il essayait de se concentrer
Pour s'émouvoir à l'improviste,
Mais non : il savait pas pleurer
Et c'est ça qui le rendait triste.
Pour se payer ce petit instant
Où l'on est vraiment malheureux,
Y s'fabriquait des embêtements,
Inventait des ennuis sérieux
Et pour ça, il savait s'y prendre,
A en juger par son passé.
Il avait même tenté de se pendre,
Preuve qu'il aimait pas rigoler.
Quand s'présentait un beau malheur,
Tout de suite il lui faisait du charme
Mais il avait beau s'crever l'coeur,
Il pouvait pas trouver une larme.
Ça lui a passé subitement,
Rencontrant près d'une fontaine
Où se débarbouillait l'printemps,
Une gosse qui avait de la peine.
Dans son petit tablier de toile,
Elle pleurait comme une enfant.
Il a vu ses yeux pleins d'étoiles,
Alors il en a fait autant.
Un type comme ça, c'est pas commun
Car il était pas comme nous autres.
Puisque, pour qu'il ait du chagrin,
Il lui fallait l'chagrin des autres.
La gosse était toute seule au monde,
Tout' seule le jour, tout' seule la nuit
Et puis surtout, elle était blonde,
Alors il l'a prise avec lui.
Il est content puisque c'est elle
Qui lui a appris à pleurer
Mais la leçon était trop belle
La fille aussi... tout a raté.
Il est devenu bien malheureux,
Trompé plus qu'il ne le mérite
Et tous les jours, il pleure un peu
Maintenant qu'il sait, il en profite.
Qui n'avait jamais pu pleurer.
Il en avait pas les moyens,
Pourtant, il aurait bien aimé,
Car de pleurer, ça vous soulage
Et ça vous met du baume dans l'coeur,
Mais lui, il avait passé l'âge
D'apprendre le chagrin par coeur.
Il essayait de se concentrer
Pour s'émouvoir à l'improviste,
Mais non : il savait pas pleurer
Et c'est ça qui le rendait triste.
Pour se payer ce petit instant
Où l'on est vraiment malheureux,
Y s'fabriquait des embêtements,
Inventait des ennuis sérieux
Et pour ça, il savait s'y prendre,
A en juger par son passé.
Il avait même tenté de se pendre,
Preuve qu'il aimait pas rigoler.
Quand s'présentait un beau malheur,
Tout de suite il lui faisait du charme
Mais il avait beau s'crever l'coeur,
Il pouvait pas trouver une larme.
Ça lui a passé subitement,
Rencontrant près d'une fontaine
Où se débarbouillait l'printemps,
Une gosse qui avait de la peine.
Dans son petit tablier de toile,
Elle pleurait comme une enfant.
Il a vu ses yeux pleins d'étoiles,
Alors il en a fait autant.
Un type comme ça, c'est pas commun
Car il était pas comme nous autres.
Puisque, pour qu'il ait du chagrin,
Il lui fallait l'chagrin des autres.
La gosse était toute seule au monde,
Tout' seule le jour, tout' seule la nuit
Et puis surtout, elle était blonde,
Alors il l'a prise avec lui.
Il est content puisque c'est elle
Qui lui a appris à pleurer
Mais la leçon était trop belle
La fille aussi... tout a raté.
Il est devenu bien malheureux,
Trompé plus qu'il ne le mérite
Et tous les jours, il pleure un peu
Maintenant qu'il sait, il en profite.
Paroles et musique: Edith Piaf
"Puisque, pour qu'il ait du chagrin, il lui fallait l'chagrin des autres."
C'est ce que Lytta Basset appelle le "souffrir avec" qui nous permet de rencontrer notre propre chagrin, de le regarder, de le traverser et d'en sortir grandi.
"Souffrir sans " c'est se refermer sur soi, se couper des autres, s'isoler.
"Souffrir contre" c'est penser que la cause de notre souffrance c'est les autres et qu'ils ne peuvent pas comprendre or ils ne peuvent pas me rejoindre si je ne suis pas dans l'échange.
C'est de notre relation à l'Autre que dépend l'ouverture de notre être souffrant au plus être et à la joie d'être en vie.
"La joie imprenable" Lytta Basset éditions Albin Michel