La petite fille qui ne savait pas respirer
Ceci a été écrit par une amie : Anne.
Laissez vous porter, entrez dans son histoire….
Il était une fois une petite fille qui était née sans savoir respirer.
Bien sur, elle respirait mais sans le savoir vraiment.
Dans son landau, elle écoutait le bruit du Vent et sentait le souffle de celui-ci "il respire ! "
Mais sa mère lui disait :
" Tu n'est pas le Vent"
Elle écoutait le bruit de l'Océan, le respir de celui-ci, son flux et son reflux, elle s'en imprégnait, l'accompagnait
Mais sa mère lui disait :
"Tu n'es pas l'Océan"
Elle écoutait le fracassement de la tempête, sa force inouïe, sa rapidité, son agitation, suivait son mouvement, se sentait comme elle
Mais sa mère lui disait :
"Tu n'es pas la tempête"
Elle écoutait le chant du Feu, ses crépitations, sa vie bouillonnante, sa violence en mouvement, brûlait dans son brasier, agitée de fusions elle-aussi
Mais sa mère lui disait :
"Tu n'es pas le Feu "
Elle écoutait aussi les animaux, si plein de vie, organisés, sensibles, mouvants, se déplaçait comme eux
Mais sa mère lui disait :
"Tu n'es pas un animal"
Comment puis-je savoir respirer se demandait la petite fille désespérée
Les seules respirations étaient celles de son cœur mais qui, un jour, avait résonné de heurts
Toute, toute, toute, petite, dans le ventre de sa mère, elle avait senti un souffle anormal
Une flèche lui avait transpercé son cœur qui battait alors régulièrement, le fracassant tout doucement
Sortie -malgré cette menace qui s'était abattue en elle, elle s'était aperçue qu'elle ne savait pas respirer !
Les repères de la petite fille étaient si flous qu’elle ne savait où trouver son souffle
Ses repères étaient son grand-père
Il lui avait fait sentir son souffle, elle le sentait respirer, sentait son cœur battre très fort, en accéléré
Pendant que le sien ralentissait.
Elle sentait celui de son père
qui battait aussi à toute allure, le même souffle que le grand-père, aux mêmes moments, comme pris par des émotions violentes, tournoyantes
mais elle ressentait une énorme violence à son tour en elle
Et son cœur à elle se freinait.
Elle sentait celui de sa grand-mère
Malade, souffrir, s'essouffler, demander de l'air, de l'aide, et elle entendait ses appels sans pouvoir l'aider
Elle ne pouvait lui donner son air
Alors son cœur s’emmêlait.
Elle sentait celui de sa mère
Accéléré aussi par moments, freiné par d'autres
Battements girouettés
Et ne savait pas quoi faire, être dans un rythme normal ou accéléré ?
Transpercé, elle suivait.
Respirer. Respirer.
Oui, mais comment,
Pourquoi ?
Pour qui ?
Elle avait écouté le bruit du Vent, de l'Océan, de la Tempête, du Feu, des animaux, mais personne ne lui avait dit que c'était SA respiration
Elle avait entendu de très près celle du grand-père, de son père, de sa grand-mère, de sa mère
Mais personne ne lui avait dit que c'était SA respiration
Elle se sentait perdue, abandonnée, comme elle s'était sentie abandonnée dans le cocon qu'elle aurait dû trouver et qui avait été courcircuité par quelque chose qu'elle n'avait pas compris
Abandonnée par toutes ces respirations désordonnées de ceux qui l'entouraient et qui étaient ses repères.
Alors que faire ?
Elle était trop petite, trop minuscule, dans ses repères pour oser demander
"Dites-moi, comment fait-on pour respirer ?"
Le Temps alors a passé, brutalement, un de ses repères a disparu, et sa respiration s'est tue.
Elle s'est adaptée, a adopté les respirations autour d'elle
Lentes, rapides, accélérées, énervées, excitées, agressives, violentes, peu joyeuses, peu apaisées, peu sécurisantes
Brutalement, une trop calme a suffoqué, s'est momentanément arrêté, nécessitant les pompiers pour la ranimer
La petite fille a grandi et à ce jour
Elle ne sait toujours pas respirer .....................................