Pardonner
Pardonnez nous nos offenses…comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Cette phrase est extraite d’une prière catholique, le Notre Père.
Qu’est-ce que le Pardon ?
Dans pardonner il y a donner, il y a laisser aller….
« Pardon : rémission d'une faute d'une offense »
Rémission veut dire pardonner mais aussi atténuation momentanée du mal…intéressant ce momentanée !
« Pardonner : renoncer à punir une faute, à se venger d'une offense, avoir de l'indulgence pour excuser; accepter sans dépit, sans jalousie.
Pardonner à quelqu'un : cesser d'entretenir à son égard de la rancune ou de l'hostilité pour ses fautes… »
Si l’on regarde les verbes renoncer et accepter il y a là quelque chose de définitif, d’une fois pour toute…
Je te pardonne et pardonne moi. Est-ce la même chose ?
Pardon est un mot que l’on apprend très jeune aux enfants comme bonjour et merci Apres une bêtise, une bousculade, un coup…on entend les adultes dire « dis pardon » Ne faudrait-t-il pas plutôt dire « demande pardon ? »
Car en fait ce n’est pas compliqué de dire pardon, ce qui est plus difficile c’est de pardonner…
Je me souviens d’un professeur qui s’était mis en colère quand un élève arrivé en retard avait dit : « je m’excuse … » il n’a pas fini sa phrase.
-Tu ne peux pas t’excuser pour ton retard, il n’y a que moi qui peut t’excuser (ou non)
Pardonner est donc une action, un geste envers celui ou celle qui a fait souffrir.
Demander pardon, implorer le pardon laisse la possibilité de ne pas le recevoir.
Ce n’est pas « bien » de ne pas pardonner alors on pardonne, on regrette publiquement quelquefois (repentance).
Mais qu’en est-il de l’acte de pardonner ?
Suffit-il que l’agresseur regrette pour que son geste soit pardonné?
Peut-on demander pardon à la place de quelqu’un ?
« Pardonnez leur Seigneur car ils ne savent pas ce qu’ils font ? »
Mais cette phrase là s’adresse à Dieu…
Quand j’étais petite et que j’avais fait une bêtise ma première réaction était
« Je n’ai pas fait exprès ! » et ma mère de répondre :
-encore heureux mais tu aurais dû faire attention…
Faire attention à l’autre…
Une phrase assassine, une petite pique qui fait mal, la personne réagit « oh j’ai dit ça comme ça ! »
Sans faire attention ou pour faire mal (même inconsciemment) le résultat est le même.
La blessure est là. Le mal subi demeure.
On pardonne on oublie tout ? Ou on pardonne mais on n’oublie rien ?
Que faut il donc pour qu’il y ait pardon ?
Suffit-il que l’autre s’excuse ou demande pardon ? Qu’il explique son geste et promette de ne pas recommencer ?
Quand l’autre me fait mal et promet de ne plus jamais recommencer je ne demande qu’à le croire….
Et si je changeais de place..Si au lieu de parler de l’autre je parlais de moi capable de faire souffrir « à l’insu de mon plein gré » ?
Si vous me lisez et que vous pensez que vous ne faites jamais souffrir les autres …prenez le temps de réfléchir à ce que les autres ont pu dire sur leur re-sentis sur vos actes, vos paroles…..
« Oui mais moi quand j’ai dit ou quand j’ai fait ce n’était pas pareil….. »
Quand on souffre c’est toujours plus fort, plus intense que chez les autres et c’est normal de le ressentir comme cela. Pour soi on pourra toujours dire que l’on n’avait pas l’intention de faire souffrir.
Le chemin du pardon à l’autre passe par la conscience du mal que j’ai pu commettre moi aussi envers d’autres, car c’est la seule manière de voir que j’ai pu faire mal sans faire attention à l’autre, j’ai pu faire souffrir sans le savoir.
Il ne s’agit pas de balayer d’un geste ce que l’on a fait, comprendre la souffrance subie signifierait accueillir sa propre souffrance, souffrir avec l’autre serait accueillir sa souffrance subie pour aller ensemble à la rencontre du pardon de soi capable de faire souffrir « parce que je ne savais pas » et de l’autre capable de me faire souffrir « parce qu’il ne savait pas ».
Le faire exprès est toujours chez l’autre, IL ou ELLE voulait me faire mal alors que moi je ne l’ai pas fait exprès quand l’autre souffre?
Et je ne suis pas entrain de dire que c’est facile et que si on ne se rend pas compte de ce que l’on fait alors ça n’a pas d’importance, tout le monde fait souffrir alors….
Non, c’est seulement que si je ne prends pas conscience que je suis capable moi aussi de faire souffrir, je ne peux pas comprendre l’acte de l’autre et donc je ne peux pas réellement lui pardonner.
Si je n’exprime pas ma souffrance à l’autre je ne l’aide pas non plus à voir combien il m’a fait souffrir.
Si je crois que je suis la seule à souffrir et que l’autre ne peut pas comprendre, le pardon ne sera pas possible.
J’ai trouvé cette très belle phrase :
« Chaque relation (d’amour) laisse une porte ouverte à la vulnérabilité, c’est-à-dire à la possibilité d’être blessé. S’en souvenir, ne pas fuir cette vulnérabilité, c’est déjà se préparer au pardon. »
C’est moi qui ait mis (les parenthèses) toute relation humaine laisse une porte ouverte à la vulnérabilité, c'est-à-dire à la possibilité d’être blessé…
Apprendre à se protéger, à se défendre, bien sur.
« Si l’on vous frappe sur la joue…cette phrase de l’évangile dont la traduction est si controversée est expliquée de la façon suivante par Lytta Basset* il ne s’agit pas de se faire battre sur l’autre joue mais de tourner notre visage pour faire face à l’agresseur afin de lui dire « ça fait mal » arrête, je ne veux pas souffrir. Cela signifie combattre toutes les souffrances subies bien sur.
L’expression de la souffrance subie est nécessaire mais elle sera bienfaisante si celui ou celle qui écoute a conscience de sa propre souffrance d’être humain, souffrir contre quelqu’un sera une étape avant le pardon.
Je n’ai pas fini aujourd’hui avec ce thème …c’est évident !
*Le pouvoir de pardonner" LyttaBasset Spiritualités vivantes.